Jeudi 4 décembre 2025, vers 15H, Georges Mottin, sentant sa fin proche a demandé à sa petite fille d’appeler Michel Barrionuevo pour lui proposer qu’il soit, le camarade qui interviendrait pour la cérémonie de ses obsèques. Le lendemain, Georges, s’en est allé ! Voici cet hommage:
Mon très cher Georges, ton souhait est exaucé, face au temps imparti, je rappelle quelques anecdotes.
Nos premiers combats en commun ont d’abord été syndicaux au sein de l’USTM CGT et, dans les tours du Floréal à Sassenage où d’autres batailles se prolongèrent.
La défense des salariés et des habitants, ouvrait une perspective politique, en lien avec le Parti communiste français, toi, avec la cellule d’entreprise de la Secemaeu à Grenoble, moi, sur la section de Fontaine.
Quoi de mieux que la proximité pour sceller une amitié : quand adhérent de la section des Eaux Claires, tu as rejoint l’usine flambant neuve de Veurey sur le canton de Sassenage.
Tu as imposé l’activité politique à l’entreprise, un panneau d’affichage comme support, en appliquant cette méthode sur ton lieu d’habitation. Ton implication fut très conséquente : d’abord pour l’exigence de filtres sur la chaufferie Genty Cathiard ; puis, en 1976, suite à l’augmentation de 50% des impôts locaux, nous avons réuni presque 2500 signatures afin d’exiger du Trésor Public, des étalements de paiements, sans frais supplémentaires ainsi que des exonérations partielles ou totales pour les familles les plus démunies.
A la suite de ce combat, les camarades t’ont choisi comme chef de file des communistes pour les municipales de mars 1977. Le refus de l’union au premier tour, nous a conduit à faire une liste communiste de 23 candidates et candidats, avec un résultat de 24,21%. Suite à la fusion de listes, nous sommes devenus les 6 premiers élus communistes de Sassenage. Tu fus Adjoint au Maire chargé des transports, de la voirie et de la circulation, et moi le rapporteur de la commission.
A cette période, la section avait fixé les frais de mandat conservés par l’élu indemnisé, à 150 francs par mois. Puisque nous nous partagions les responsabilités, ton choix fut de me reverser la moitié.
Ensemble, nous avons bouleversé la façon de prendre les décisions Municipales, en intégrant la population dans les choix opérés. C’est ainsi que la ligne 2-4 du trolleybus a été prolongée jusqu’à Air Liquide. Les tous premiers abri-bus, la première piste cyclable le long du Furon, avec son Pont en bois pour rejoindre la future ZAC du Guâ, ont été mis en place. L’inscription du dépôt bus sur la zone de l’Argentière a été inscrite dans le projet de la future ligne de tramway. Nous avons démarré le chantier de construction du nouveau pont sur la route du Vinay, intégrant des passages piétons, cycles et voitures.
Cette activité intense liée à ton engagement syndical, nous ont très souvent conduits à passer des nuits blanches pour des actions stratégiques !
Marie-Agnès, Sabine et Pascal auraient sans doute aimer t’avoir un peu plus auprès d’eux, quitte à faire le pantouflard ! Nos mange-mange, avec cet appétit légendaire, ne comblaient pas le manque de présence. Par contre, je me suis toujours demandé, comment tu pouvais consommer une baguette entière en restant aussi mince !
Activité d’élu, activité politique, activité syndicale à Alliages-frittés-Métafram, Syntertec, Fédéral-Mogul, il faisait bon militer dans une boite quand le taux de syndicalisation à la CGT est aussi fort. Très régulièrement, nous diffusions jusqu’à une vingtaine d’Humanité Dimanche en même temps que le Travailleur Alpin qui était à l’époque hebdomadaire.
Après ce mandat, vous avez quitté Sassenage pour la commune voisine de Fontaine, en devenant copropriétaires de votre appartement.
Ta minutie dans le bricolage, sans doute héritée de ta formation métallurgiste m’a épaté. Te voyant ajuster un morceau de bois destiné à un placard, une cale et du papier de verre en main, je t’avais dit : pourquoi ne prends-tu pas une râpe ! Toi de me répondre, et si j’en enlève trop, je fais comment après !
Lorsqu’à Grenoble les sections se sont regroupées, tu as rejoint celle de Fontaine et très vite, tu as pris des responsabilités : trésorier de section, un temps, puis nous t’avons confié la responsabilité d’assurer la présidence de l’association gestionnaire de notre local, mission que tu as accomplie, jusqu’en février dernier.
Besoin de camarades pour une distribution devant une école, sur le marché, dans différents quartiers, au loto, à la fête du TA, devant une entreprise, etc.., sans hésiter, tu répondais présent et nous toutes et tous, savions que nous pouvions compter sur toi.
Ceci était vrai, avant que la maladie commence ses ravages, diabète, cancer ; souvent, nous redoutions ce qui a fini par arriver. Mais aussi durant ces épreuves, le militantisme t’aidait à reprendre des forces, même si tu ne pouvais accomplir la totalité du parcours d’une manifestation. Tu tenais à être compté parmi les manifestants pour crier à plus de justice sociale, plus de droits, contre les casses d’entreprises. En toi, tu avais la lutte chevillée au corps et tu finissais par trouver un bout d’élan, pour dire Camarades, je vais tenter d’accomplir encore ce bout de chemin.
Georges était exceptionnel, sans doute aurait-il aimé vivre jusqu’aux municipales pour peut-être savourer des victoires à Fontaine, avec Claudine et à Sassenage, avec son vieux complice du début de la présence communiste en mairie.
Il est parti serein. Il s’est endormi en sachant qu’après lui, d’autres combats devront être gagnés, car rien ne s’obtient, sans luttes opiniâtres.
Entre amis, on se confie et on partage parfois des inquiétudes, en essayant d’apporter le soutien nécessaire à ses préoccupations. C’est un joli nom Camarade !
Marie-Agnès, Sabine, Pascal, Jill, Natanael, Milie, Adriel : vous le savez, Georges était une référence en matière de militantisme, mais il était très également soucieux de la vie de ses proches. Avec l’ensemble des communistes, je me fais leur porte-voix pour vous exprimer, toute notre affection et notre fraternité, tchao Georges, Jo, merci Camarade !








